• Du 23 au 31 mai 2007, la Dub Incorporation traverse l'Allemagne pour huit dates de concerts à ne pas rater. C'est par la voix de son batteur Gregory que le groupe « reggæ » de Saint-Étienne a répondu aux questions de Connexion-Française. Un entretien en toute simplicité qui révèle la passion, le dynamisme, l'envie de partager et l'engagement d'un groupe qui fait bouger la France depuis dix ans maintenant...

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    Connexion française : Quelle est la première chose qui te vient à l'esprit quand on te parle de l'Allemagne ?

    Dub Incorporation : C'est à Berlin que je pense avant tout. La chute du mur a pour moi une force symbolique. J'ai vingt-huit ans et c'est l'un des événements principaux de ma jeunesse. J'avais tellement de mal à comprendre pourquoi on avait construit un mur tel que celui-là ! C'est important parce qu'actuellement on retrouve un peu de cela en Israël, et je trouve hallucinant que le même genre de problème existe encore.


    Connexion française : Ce n'est pas la première fois que la Dub Incorporation va se produire en Allemagne. Que penses-tu de l'accueil réservé au groupe par le public allemand ?

    Dub Incorporation : Nous avons toujours été très bien reçus en Allemagne. Au début, il y avait une certaine appréhension par rapport à la barrière de la langue, parce que nos textes sont importants. Mais nous prenons le soin d'introduire les chansons en anglais pour que les spectateurs entrent dans l'ambiance. Le public allemand, comme tous les autres, vient pour faire la fête et apprécier la musique. Mais je le trouve plus discipliné qu'en France. Peut-être est-ce simplement parce qu'il tient mieux l'alcool ! Quoiqu'il en soit, il existe en Allemagne une excellente culture reggæ. Le mouvement ayant pris de l'ampleur parallèlement dans les deux pays, les allemands captent nos références. Ce public nous correspond, et l'Allemagne est devenue pour nous un endroit familier.


    Connexion française : Est-ce que tu penses que votre musique perd à ne pas être comprise ?

    Dub Incorporation : Oui et non. D'abord, ce que nous faisons reste avant tout de la musique. Ce qui est important, c'est l'ambiance qu'elle créé. Et puis grâce aux explications que l'on donne en anglais, le public comprend où nous voulons en venir. Nous avons des messages à délivrer, et c'est important que les gens nous suivent. Petit à petit, nous trouvons un moyen de les amener à ce que nous voulons leur transmettre. Le public allemand a vraiment compris cela et attache de l'importance à ce que nous disons entre les morceaux. Même s'il ne peut pas saisir toutes les subtilités des textes, il se rend compte de notre intégrité et de ce que nous sommes là pour dire des choses.


    Connexion française : La scène représente-t-elle l'aboutissement d'un album ou constitue-t-elle un tout autre processus ?

    Dub Incorporation : Ce sont deux processus parallèles. D'un certain côté, la scène représente l'aboutissement du travail qui a été fait sur un disque. Car c'est à ce moment là que se créé l'interaction du groupe avec le public. En réalité, l'album constitue plutôt une sorte d'approche. Notre groupe est né sur scène. C'est elle qui l'a vu se développer, et notre promotion s'est faite avant tout par le bouche-à-oreille. Ce qui se passe entre les gens et nous autour d'un concert est à nos yeux un élément primordial. Cela signifie voyager, rencontrer, discuter, interagir... C'est ce qui fait qu'un musicien aime son métier.


    Connexion française : Voyager, ça inspire ?

    Dub Incorporation : A fond ! C'est comme ça que nous préparons le prochain album. Car même si nous avons déjà beaucoup voyagé l'année dernière, nous étions encore assoiffés de faire des rencontres et de découvrir des cultures différentes. Heureusement, nous avons cette chance de pouvoir beaucoup voyager. Le Sénégal, par exemple, a été pour nous une grande source d'inspiration. Cette fois ce sera le Maroc, l'Espagne, le Portugal ou encore la Réunion. L'Allemagne est aussi un très bon exemple. Elle nous a permis de rencontrer des musiciens qui n'ont pas forcément les même références que nous, et donc d'écouter de nouvelles choses, d'apprendre comme elles marchent et de nous en inspirer plus tard.


    Connexion française : Qu'aimerais-tu dire aux gens qui vont venir vous voir en Allemagne ?

    Dub Incorporation : J'aimerai dire à ceux qui ne nous connaissent pas qu'ils vont découvrir dans notre musique une grande mixité. Dans le groupe, nous avons tous nos différences et c'est ce qui constitue un tout. Nous sommes l'exemple même de notre message : notre mixité dépasse toutes les origines. Et je ne parle pas seulement de géographie, mais aussi de milieu social par exemple. Quelques soient nos différences, nous pouvons travailler et développer ensemble ce que les gens vont voir et écouter. Et puis sur scène le groupe a une énergie, une pêche, qui fait que généralement on passe un bon moment avec nous !


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  • A l'occasion de ses quatre dates solo en Allemagne (Leipzig le 30 avril, Munich le 1er mai, Cologne le 2 et Francfort le 3), Dominique A a volontiers accepté de répondre aux questions de Connexion française. Très à l'aise, il parle sans retenue de sa musique, de son métier, de ses voyages... et de l'Allemagne !

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    Connexion française : Quelle est la première chose qui vous vient à l'esprit quand on vous parle de l'Allemagne ?

    Dominique A : C'est la route... tout comme pour l'Espagne où je tourne aussi beaucoup. Mais au-delà de cela, l'Allemagne évoque pour moi le contraste entre la vision que l'on s'en fait et la réalité. Avant de m'y rendre, j'avais l'image un peu caricaturale d'un pays assez rigide, un peu fermé. Mon premier concert sur place a balayé toutes mes craintes ! C'était comme si tout se passait juste pour me faire mentir. Le public allemand est ouvert, et jouer devant lui très agréable. Et puis l'Allemagne, c'est aussi la littérature allemande, dont j'ai été féru vers mes 20/25 ans, grâce à des écrivains comme Hermann Hesse. Et c'est enfin la musique, car pour moi l'idée d'Allemagne est liée par exemple à des gens comme Dschinghis Khan.


    Connexion française : Comment caractériseriez-vous le public allemand ?

    Dominique A : Je dirais que c'est un public a priori attentif. C'est ce que je ressens de sa part : une grande attention. Parce qu'il y a la barrière de la langue, son approche de ce que je fais est plus musicale. Et c'est ce que je lui renvoie sur scène. Certaines personnes semblent vouloir propager l'idée que la chanson française est tombée dans un héritage lié au texte, et que la musique, à elle seule, ne va pas suffire. Alors que dans le monde entier, les gens sont prêts à écouter toutes sortes de blues.


    Connexion française : Pensez-vous que votre musique perd à ne pas être comprise ?

    Dominique A : Si tel est le cas, c'est que j'ai raté mon coup. La chanson a texte est une idée, héritée des années cinquante, qui se complait dans l'autosatisfaction littéraire. Pour ma part, je n'ai pas ce rapport classique à la chanson française. Car même si le texte a pour moi une grande importance, je travaille avant tout sur la musique. Ce qui m'intéresse, c'est la voix, le rapport à l'arrangement, la mélodie... Mon but est que les gens entendent la musique indépendamment de ce que son texte raconte.


    Connexion française : Qu'est-ce que la scène représente pour vous : l'aboutissement d'un album ou quelque chose de complètement différent ?

    Dominique A : Ce sont deux faces d'une même pièce... mais je n'attends pas forcément que les deux se rejoignent. Ce que je fais sur scène est souvent différent de ce que l'on trouve dans mes albums. Mais même si je donne beaucoup de concerts, ce que je préfère reste écrire. La scène, dans les meilleurs cas, c'est un plaisir immense. Mais il y a aussi des moments difficiles. Pour moi, donner un solo est plus de l'ordre de la performance que de la musique. Il s'agit de réussir à réellement capter les gens, et je vois cela comme quelque chose d'un peu théâtralisé. Sur scène, je me demande comment je vais faire évoluer le concert... mais tout dépend de l'état d'esprit dans lequel je suis.


    Connexion française : Votre réputation s'est bâtie un peu hors du système, sans les grands médias, en courant les festivals... Est-ce que cela est dû à une conception particulière de la musique ?

    Dominique A : Non, je fais ce que je peux dans l'espace qui m'est imparti. Il se trouve qu'il s'est construit grâce aux concerts. Il y a incontestablement une barrière entre les gens qui passent à la télé et les autres. Si vous ne passez pas à la télé, vous n'avec pas le choix : il faut battre le fer. Je n'en souffre pas car je vois la télévision un peu comme le grand satan. Bien sûr, j'ai parfois envie que les choses soient plus simples. Mais tant que des gens ont envie d'y aller avec moi, j'ai envie d'y aller moi aussi... et je ne m'absente jamais très longtemps.


    Connexion française : Voyager, être toujours sur les routes, ça vous inspire ?

    Dominique A : Oui, parce qu'il en sort des images et des souvenirs qui vont faire des chansons. Mais l'inverse est vrai aussi, et c'est parfois le fait d'être posé qui inspire. En réalité, on ne sait pas trop d'où viennent les chansons. Les voyages sont importants parce qu'ils rechargent la batterie à images, mais c'est souvent en rentrant, en se posant, que tout revient. L'image est importante pour moi. Je travaille actuellement sur un livre que nous avons décidé d'axer sur les lieux. Parce que la musique suggère des lieux, des images...


    Connexion française : Pour terminer, qu'aimeriez-vous dire au public d'Allemagne qui va venir voir vos concerts ?

    Dominique A : J'aimerais dire à ceux qui craindraient d'aller voir un concert intimiste et feutré que je ferai en sorte de leur casser les oreilles le plus possible.


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  • A l'occasion du 23ème festival du film francophone, qui se déroule à Tübingen et à Stuttgart du 1er au 8 novembre, les français Benoît Delépine et Gustave Kervern présentent leur deuxième long-métrage, Avida. Bien connus en France pour leurs prestations au sein de l'émission « Groland » sur Canal +, les deux compères nous offrent un cinéma totalement décalé et d'une profonde intensité. Connexion française s'est entretenu avec un Benoît Delépine fraîchement débarqué à Tübingen, terriblement sympathique et intarissable lorsqu'on aborde le sujet de l'étonnant Avida.


    Connexion française : Commençons par notre question rituelle : quelle est la première chose qui vous vient à l'esprit lorsqu'on vous parle de l'Allemagne ?


    Benoît Delépine : Je dirais que ce sont les cigarettes blondes. Quand j'étais petit, j'allais en vacances en forêt noire, et je me souviens qu'il y avait un distributeur de cigarettes. Je n'en avais jamais vu auparavant. C'est donc cela qui me vient en premier à l'esprit lorsqu'on me parle de l'Allemagne: un distributeur de cigarettes.


    Connexion française : Vous êtes en Allemagne à l'occasion du 23ème festival international du film francophone où vous présentez Avida. Pouvez-vous nous parler un peu de ce film ?


    Benoît Delépine : Je peux même vous en parler très longuement : il y a tant de choses à dire ! Avida est un film particulier. Chacun le perçoit différemment. Certains passent à côté, mais ceux qui le vivent à fond en sont marqués à vie. Je dirais avant tout que c'est un poème sur ce qu'est l'être humain aujourd'hui. Mais expliquer ce film est un exercice très difficile, et ce même pour nous qui l'avons réalisé [Benoît Delépine parle également au nom de Gustave Kervern, co-réalisateur d'Avida, NDLR]. Au début lorsqu'on nous demandait le pitch du film, nous avions beaucoup de mal à l'expliquer. Maintenant, nous donnons ce que nous appelons des « faux pitchs » : par exemple « C'est l'histoire de trois hommes qui tentent d'enlever le chien d'une milliardaire, mais l'affaire tourne mal, et la femme profite d'eux en les manipulant. Comme elle est obèse, elle désire être transportée au sommet de la montagne pour s'y suicider. » Voilà un faux pitch. Parce qu'Avida ce n'est pas cela, c'est un poème plus qu'un film, quelque chose qu'on prend dans la tête.


    Connexion française : Il y a dans ce film une grande dimension sociale. Est-ce que c'était pour vous une nécessité que de baser votre film sur cette thématique ?


    Benoît Delépine : En réalité, la dimension sociale du film a été dépassée par l'interprétation humaine que nous ont donnée nos acteurs. Normalement, Avida est censé se dérouler dans un paradis fiscal, avec d'un côté des gens riches et de l'autre des pauvres qui en viennent à se réfugier sur la montagne. Le film repose donc sur ce fond mais nous avons décidé, aux vues de la performance des acteurs, de ne pas expliciter ce problème social. Il est là comme une sorte de présence sourde, et c'est à chacun de le recevoir. Notre ambition était de faire un film dont personne ne peut donner la signification, puisqu'elle est différente pour chacun.


    Connexion française : Il y a justement une très belle distribution dans ce film, avec des acteurs très éclectiques, de milieux différents, certains grands noms, d'autres en devenir... Comment fait-on pour réunir un tel panel d'artistes autours d'un tel projet ?


    Benoît Delépine : Ce sont des gens dont nous nous sentons proches, même si nous ne les connaissions pas tous forcément. Au départ, nous avons envoyé un script sans dialogue, d'une trentaine de pages, avec les photos des gens que nous voulions avoir dans le film. Ce sont des personnes sur lesquelles nous avions réellement flashé et, à une exception près, tout le monde a dit oui. C'est formidable ! Par exemple la chanteuse Rokia Traoré, que nous avions remarquée lors d'un festival. Nous lui avons proposé Avida, elle a vu le DVD de notre premier film, Aaltra, et elle a accepté. Elle nous a fait, en plus, un cadeau extraordinaire : sa première chanson, qu'elle a retrouvée dans une valise. Pour Claude Chabrol également nous avons eu cette sorte de « flash à distance ». Nous lui avons envoyé le script d'Avida et un exemplaire d'Aaltra. Comme il n'avait pas de lecteur DVD, nous lui en avons envoyé un. Il a regardé le film et il nous a dit « Faites moi faire tout ce que vous voulez ». Pour tous nos acteurs cela s'est passé ainsi, de façon magique.


    Connexion française : Au-delà du fond du film, on remarque une grande recherche esthétique dans la manière dont il est tourné. Est-ce que vous visiez la performance artistique à travers Avida ?


    Benoît Delépine : Etonnamment ce n'était pas notre but, puisque nous nous concentrons principalement sur les gens. Ce qui nous importe, c'est ce qu'ils donnent à l'image. Nous savons que ce que les acteurs ont à nous offrir se fera en une fois, et nous privilégions le plan fixe. C'est, en fait, un dispositif pour mettre les gens à l'aise. Bien entendu, cela nécessite que l'image soit particulièrement travaillée. Nous nous appliquons donc beaucoup sur le cadre. Mais si le film a cette démarche esthétique c'est aussi parce qu'il parle de peinture : nous avons choisi le format carré parce que nous partons de la fenêtre d'une cellule pour finir sur l'image d'un tableau ayant a peu près les mêmes dimensions. L'idée résidait donc dans une volonté esthétique d'arriver à s'en sortit par l'art et la peinture.


    Connexion française : Vous présentez Avida dans un festival international parce que vous pensez que c'est un film qui a vocation à s'exporter ?


    Benoît Delépine : En réalité je n'en sais rien du tout. Aaltra s'était bien exporté, dans une douzaine de pays, au sein de petites distributions. Les belges en particulier ont pris beaucoup de copies. Ils n'auraient pas dû, d'ailleurs, parce qu'il n'y a pas eu le retour escompté... Il y a eu également quelques copies ici en Allemagne, ainsi qu'en Roumanie. J'aime bien cette idée, plus économique d'ailleurs, qu'il n'y ait que quelques exemplaires qui tournent dans un pays. Cela correspond mieux à l'image du film. Concernant Avida, je ne sais vraiment pas s'il va être bien accueilli internationalement, parce que c'est un film tellement barré ! Je suis incapable de répondre mais ce qui est sûr, c'est que c'est très intéressant pour nous d'aller dans ces festivals. Cela nous permet de nous retrouver, Gustave Kervern et moi, d'observer la réaction du public par rapport au film et de prendre des idées pour le prochain. Nous avons tout à y gagner.


    Connexion française : Pour terminer, quel souvenir garderez-vous de ce séjour en Allemagne ?


    Benoît Delépine : Il m'est difficile de répondre parce que nous venons juste d'arriver à Tübingen. C'est vraiment une très jolie ville. On m'a dit qu'elle était une miraculée de la seconde guerre mondiale ; c'est étonnant... Sinon il y a cette petite dame qui passe devant moi avec un déambulateur, c'est tout à fait charmant !


     


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  • Le Francophonic Festival s'apprête à porter jusqu'à nous le doux air de la musique française. Un mois pour découvrir et redécouvrir des artistes exceptionnels qui traverseront la frontière pour nous taquiner l'oreille. Connexion française a rencontré Nicolas Jeanneté, le directeur de ce festival hors du commun, et retranscrit pour vous les meilleurs moments de cet inépuisable échange avec un passionné.

    Connexion française : Pour ceux qui ne le connaissent pas, pouvez-vous expliquer ce qu'est le Francophonic Festival ?

    Nicolas Jeanneté : C'est le premier et unique festival de musique française en Allemagne. L'idée de sa création nous est venue du constat que le couple franco allemand, qui est si fort politiquement et économiquement, ne l'est pas assez culturellement. Voyageant fréquemment en Allemagne, je me suis aperçu il y a quatre ans que la musique française n'y était pas bien représentée. C'est ainsi que j'ai eu envie de contribuer à exporter la scène française dans ce pays ami et frontalier qu'est l'Allemagne. Avec Jean-Louis Foulquier, nous avons monté les Francofolies de Berlin dans cette optique. Beaucoup d'artistes étaient présents et nous avons constaté une très bonne réceptivité du public et des médias. Nous avons donc organisé une nouvelle édition l'année suivante, à laquelle nous avons ajouté Cologne. Là encore, d'un point de vue médiatique et artistique, ce fut un succès. Et même si nous avons essuyé une perte qui nous a contraints à faire une pause en 2005, nous avons décidé d'organiser une troisième édition cette année avec une nouvelle ville supplémentaire, Munich.

    Connexion française : Quelles sont les nouveautés de cette
    troisième édition ?

    Nicolas Jeanneté : Cette année les spectateurs pourront découvrir un Francophonic Festival quelque peu remanié. Outre le fait qu'il aura lieu pour la première fois dans trois villes, nous avons décidé que les festivités ne se dérouleront plus sur quatre jours successifs, mais sur un mois. D'abord parce que nous avons plus d'artistes, mais aussi parce que nous nous sommes aperçus qu'il est très difficile d'organiser un tel événement dans une grande ville. En règle générale les festivals ont lieu en dehors des villes, le plus souvent l'été, alors que les gens ont du temps. Dans ces conditions les spectateurs achètent des billets groupés et assistent au festival sur trois ou quatre jours consécutifs. Pour nous les choses sont différentes puisque le Francophonic Festival se tient en pleine année scolaire et dans de grandes villes. Lorsqu'il se déroulait sur quelques jours seulement, les spectateurs n'avaient pas le temps d'assister à tous les concerts de leur choix. Nous avons alors décidé de l'organiser sur un mois, avec un ou deux concerts par ville et par semaine, afin que les festivaliers puissent en profiter davantage. Cette année, le festival commencera donc le 23 octobre et se terminera le 25 novembre.

    Connexion française : Pouvez-vous nous présenter les principaux artistes présents cette année ?

    Nicolas Jeanneté : Pour commencer, nous allons faire découvrir au public allemand le groupe français le plus connu d'Europe, celui qui a vendu le plus d'albums : Louise Attaque. Il n'est jamais venu en Allemagne auparavant, si ce n'est dans une école à Fribourg en 2005 pour faire des classes pédagogiques et deux petits concerts. Le groupe s'est séparé pendant cinq ans et est revenu récemment avec un nouvel album, A plus tard crocodile, qui a tout de suite été n°1 des ventes. Nous les avons contactés parce que nous estimons qu'un tel phénomène doit se faire connaître en Allemagne. L'album sortira donc ici en novembre, et le groupe viendra le promouvoir lors d'un concert exclusif à Berlin.

    Notre seconde tête d'affiche est Rachid Taha, que nous invitons cette année à l'occasion de la sortie de son tout dernier album, Diwan 2. Nous l'avions déjà présenté il y a deux ans, après la sortie de Tékitoi, qui était un album résolument raï-rock. Il revient cette fois dans un registre plus traditionnel, avec des chansons superbes, très mélancoliques, qu'il présentera en avant première mondiale au festival. Le public allemand, à Cologne et à Berlin, sera ainsi le premier à entendre sur scène ce nouvel album.

    Notre troisième invitée, Emilie Simon, est un coup de cœur. C'est une artiste extrêmement intéressante, qui a un charme fou. Nous l'avons surnommée « la princesse de l'Electro française ». Les allemands savent qu'elle fait une musique de qualité grâce à la B.O. du film « La Marche de l'empereur », et nous allons leur présenter son dernier album, Végétal. [Cf. Interview d'Emilie Simon pour Connexion française]

    Connexion française : Et pour ce qui est des découvertes ?

    Nicolas Jeanneté : Le Francophonic Festival accueillera également des musiciens de la nouvelle génération indie-pop-rock-electro. Sébastien Tellier tout d'abord, qui est en quelque sorte « le poète parisien ». Il a un parcours étonnant : découvert par Air, dont il a assuré la première partie de la tournée mondiale il y a quelques années, il s'est fait oublier par la suite. Jusqu'à ce qu'il ressorte un album en Angleterre et y devienne n°1. C'est cet album que nous lançons en Allemagne, et Sébastien Tellier le fera découvrir au public au cours de trois concerts à Berlin, Cologne et Munich.

    Nous recevrons également deux groupes d'electro-pop qui ne sont pas encore très connus en France : Sex in Dallas et One-Two. Le premier, composé d'artistes franco-berlinois, joue une musique plus electro que pop et présentera son album pour la première fois. Le second est un duo parisien un peu déjanté dont la démarche est de tourner le dos à cette Pop-electro assez tristounette qu'on voit actuellement. Ils transforment la salle en un véritable dancefloor grâce à leur musique très énergique. Et puis nous accueillerons ausi des filles, Mansfield Tya et Marie Modiano, qui devraient remporter un franc succès en Allemagne. Mansfield Tya est un duo nantais aux superbes balades minimal-folk. Marie Modiano, la fille de Patrick [Ecrivain français émérite, NDLR], a enregistré son disque à Berlin. Elle propose des chansons folks très mélodieuses, qui nous font voyager à travers le monde par le biais de très beaux textes. Les deux albums seront disponibles en Allemagne à l'occasion du festival.

    Enfin, nous présenterons deux jeunes talents de la mouvance electro-pop: Underwires et Lagardère et Lemercier. Nous les avons sélectionnés parmi les nombreux disques que nous recevons chaque année d'artistes qui désirent se produire.

    Nous avons ainsi réuni un panel suffisamment varié pour satisfaire l'ensemble du public. Notre idée est que chacun puisse piocher selon ses goûts dans notre programmation, afin de retrouver ou de découvrir des artistes. Nous privilégions beaucoup cette dimension de découverte.

    Connexion Française : Quels seront les moments forts de cette troisième édition ?

    Nicolas Jeanneté : Je pense que chacun pourra se forger, au cours du festival, ses propres moments forts. Le public trouvera son bonheur dans notre sélection. Ce qu'il y a de particulier avec le Francophonic Festival, c'est le contexte intimiste dans lequel se déroulent les concerts. Louise Attaque, par exemple, sera face à un public de 500 personnes, et non devant 10 ou 20 000 spectateurs comme c'est le cas en France actuellement. De même pour Emilie Simon, qui va jouer à Cologne dans une église et à Munich dans un petit club de 350 places. Quand on connaît sa musique on se rend compte de ce que cela représente, parce qu'elle réalise des sons surprenants avec des instruments qui le sont tout autant. Et cela vaut pour tous nos concerts : le public de Rachid Taha pourra, dans de telles conditions, s'imprégner d'un véritable moment d'exotisme raï. Et pour ceux qui ont envie de danser et de s'éclater, les concerts de One-Two, Sex in Dallas ou Para One se dérouleront dans des lieux plus club... Cette proximité entre un artiste et son public va créer une ambiance dans la salle qui ne peut que constituer un moment fort.

    Connexion Française : En vous replongeant dans les éditions précédentes du Francophonic Festival, quel souvenir vous vient à l'esprit ?

    Nicolas Jeanneté : En tant qu'organisateur et producteur du festival, il m'est impossible de citer un souvenir en particulier. Si je regarde en arrière, je me dis que chaque instant a été extraordinaire. Le plus grand plaisir lorsqu'on est à ma place, c'est de voir une salle remplie d'un public heureux face à un artiste qui se donne à fond. Il arrive, comme ce fut le cas la dernière fois, qu'une véritable osmose se créé entre le public et l'artiste. Exalté par le public allemand, Rachid Taha avait offert un concert de deux heures non-stop. C'est cela, par exemple, qui donne des souvenirs fabuleux.

    Connexion française : Quel message tenez-vous à transmettre aux lecteurs de Connexion française ?

    Nicolas Jeanneté : Venez avec nous vous plonger dans la découverte ! En l'espace de quelques concerts, venez vous imprégner des nouvelles tendances musicales made in France.
    Je vois au moins trois bonnes raisons de participer au Francophonic Festival. La première est la possibilité de voir des stars françaises dans de petites salles. Tout simplement, une place pour Louise Attaque en France coûte 30 ou 40 euros et le concert se déroule devant 10 000 personnes. Ici, le billet vaut 15 euros et le groupe joue dans une salle de 500 places. La seconde raison est l'opportunité d'assister à des concerts exclusifs dont une avant-première mondiale, celle de Rachid Taha. Et enfin, la troisième est la présence de jeunes talents émergeants que nous découvrons en même temps que Paris. Venir au Francophonic Festival, c'est aussi soutenir ces artistes talentueux qui essaient de porter la culture française au-delà des frontières. Ils ne sont pas encore tous connus en France, mais beaucoup d'entre eux sont les stars de demain. Le festival est une occasion unique de les découvrir avant tout le monde.

    Connexion française : Une astuce pour nos internautes?

    Nicolas Jeanneté : Pour faciliter les démarches, nous avons mis en place cette année un système de billetterie électronique. En allant sur le site www.francophonic-festival.de, pour un euro de plus, chacun peut acheter son ticket en ligne. Il recevra alors un numéro de réservation qu'il échangera à la caisse le soir du concert. Les places valent toutes entre 10 et 16 euros, ce qui est très raisonnable. Et la réservation ne coûte, via Internet, qu'1 euro. Alors n'hésitez pas !





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  • Interview exclusive d'Emilie Simon pour Connexion française

    Mercredi 27 Septembre 2006,

    par AnneSo.<o:p> </o:p>

    A l'occasion du Francophonic Festival, la chanteuse française Emilie Simon enflammera le public d'Allemagne à quatre reprises : à Brême le 30 octobre, à Berlin le 31, à Cologne le 2 novembre et à Munich le 3. Récompensée par les Victoires de la musique pour ses deux premiers albums, « Emilie Simon » en 2003 et « La Marche de l'empereur » (BOF) en 2005, l'étoile montante de la scène électro-pop française présentera alors son petit dernier, « Végétal ». Connexion française a rencontré cette étonnante jeune femme à La Fourmi, un café parisien branché coincé entre La Cigale et le Divan du Monde, deux salles de concerts mythiques. Emilie Simon répond à nos questions de sa petite voix aux accents méditerranéens, et garde ses yeux grands ouverts sur un monde dans lequel elle semble étrangement débarquée. Pendant que nous installons notre matériel, elle fredonne un petit air qui la replonge dans son univers à elle, celui des douces mélodies insolites qu'elle retranscrit dans ses savoureux albums.

    Connexion française : Quelle est la première chose qui vous vient à l'esprit quand on vous parle de l'Allemagne ?

    Emilie Simon : Je pense à Hambourg où je suis allée en échange scolaire lorsque j'étais adolescente. Ce voyage m'avait marqué parce que c'était une découverte, et Hambourg est une très jolie ville. Je pense également à un petit village du nom de Wiedenbrück où j'ai des amis. Mais à mon grand regret je connais très mal Berlin. J'y suis déjà allée mais c'était dans le cadre de concerts, ce qui ne laisse malheureusement pas le temps de s'arrêter. Je suis donc très heureuse de revenir en Allemagne. J'ai eu peu d'occasions de rencontrer le public allemand depuis le début de ma carrière mais il m'a laissé un souvenir très vivant, très enthousiaste. Et je crois que cette fois-ci, c'est une nouvelle étape.

    Connexion française : Pour vous présenter on compare souvent votre musique à celle de la chanteuse islandaise Björk. Qu'en pensez-vous ?

    Emilie Simon : Il est vrai que les gens trouvent des similitudes entre ma musique et celle de Björk, mais ce sont eux qui nous comparent et non pas moi. On m'a dit également que mon travail faisait penser à celui de Kate Bush. Comme ce sont de grandes musiciennes, je ne vais pas m'en plaindre ! Je pense que le public a besoin de repères pour situer un artiste quand il le connaît mal. Mais comme ces comparaisons sont indépendantes de ma volonté, j'estime ne pas devoir m'exprimer sur le sujet.

    Connexion française : Vous êtes une artiste entière, dans le sens où vous endossez toutes les casquettes: auteur-compositeur, interprète, réalisateur...Que vous apporte la scène en plus de tout cela ?

    Emilie Simon : La scène est un complément. Pour moi, elle représente l'autre côté du studio, son pendant. Tout le travail que l'on réalise en amont est introspectif, fait d'attention et de minutie. Sur scène, on le remet en question: on le détruit pour le reconstruire autrement. C'est très enrichissant. En somme, ce sont deux pôles qui sont indispensables l'un à l'autre.

    Connexion française : Est-ce que c'est une sorte d'aboutissement de l'album?

    Emilie Simon : Je dirais plutôt que c'est une nouvelle phase du processus. Une fois que le morceau est finalisé et qu'il correspond à ce que j'ai en tête en studio, il va avoir une autre vie sur scène. L'album est daté et représente la vision du morceau à un moment précis. A l'inverse, en concert, le morceau ne connaît aucune limite. La scène représente ainsi la vie après l'album, et donc la suite du processus. Et cela n'a plus rien à voir avec le reste.

    Connexion française : Votre dernier album, « Végétal », est tout à fait particulier dans le sens où il plonge l'auditeur dans un monde souterrain et enchanteur, une sorte d'univers fabuleux. Dès les premières mesures on se rend compte qu'il est impossible de l'écouter comme n'importe quel autre album. Selon vous, quelles sont les conditions optimales dans lesquelles un auditeur doit se placer pour l'apprécier totalement?

    Emilie Simon : Je crois qu'il faut faire tel qu'on le ressent. Face à un disque, chacun a ses propres habitudes. Certaines personnes aiment l'écouter dans leur voiture parce qu'ils y passent beaucoup de temps, qu'il y a une bonne sonorisation et qu'ils sont émergés dans le son. D'autres aiment bien s'installer avec un verre de vin devant leur chaîne. D'autres encore écoutent toujours la musique dans la rue, avec un baladeur. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a plusieurs niveaux d'écoute dans ce que je fais. Il y a des lignes mélodiques, des paroles, des refrains, des choses simples que l'on peut écouter d'une manière légère, et puis il y a toute une série de détails, de couches et un travail de profondeur que l'on peut saisir en portant un peu plus d'attention. Pour ma part, je conseillerais d'écouter l'album au moins une ou deux fois avec un casque, parce qu'il y a toujours quelque chose qui se passe à l'arrière plan. Le disque est assez dense et quand on commence à vraiment rentrer dedans, dans les dimensions du morceau, c'est mieux d'y être complètement.

    Connexion française : Dans le cadre du Francophonic Festival, quatre concerts sont prévus à Brême, Berlin, Cologne et Munich. Vous n'aurez qu'une seule journée de repos, dans la capitale. Qu'allez vous en faire ?

    Emilie Simon : Je pense visiter la ville, mais ce sera entre deux concerts et je ne pourrai pas y consacrer beaucoup de temps. Voyager m'inspire, mais cela dépend beaucoup des villes et des moments. Je suppose que je me sers de tout cela après, mais je ne peux pas l'affirmer. Tout se passe dans ma tête. Je n'analyse pas tout ce que je fais, ni l'origine de tout ce que je fais.

    Connexion française : Vous serez accompagnée de beaucoup d'autres artistes français au Francophonic Festival (Louise Attaque, noJAZZ, Rachid Taha, Sébastien Tellier,... ). Est-ce que vous suivez de près ce qui se passe autour de vous sur la scène française et internationale, ou est-ce que vous préférez vous tenir en marge pour conserver votre inspiration intacte?

    Emilie Simon : Un peu des deux. En réalité ce n'est pas une volonté de ma part : je suis tellement happée par ce que je fais que je n'ai pas vraiment le temps d'assister à des concerts ni d'écouter et de découvrir des disques. Tout cela n'est pas vraiment dans mon caractère, car je suis plus dans l'inspiration. Bien sûr j'ai des moments de découverte, et des curiosités. Par exemple lorsque je vais au Japon, je demande à des amis de me faire découvrir l'électronica japonaise. Ou encore lorsque je suis avec des copains qui écoutent du rap, je leur demande de me faire écouter de nouvelles choses. En fait, je ne peux pas dire que je fasse attention à tout ce qui se passe mais je ne peux pas dire non plus que je sois complètement en autarcie. Cela dépend des périodes.

    Connexion française : Pour terminer, que diriez-vous aux chanceux qui vont venir vous écouter à l'occasion du Francophonic Festival ?

    Emilie Simon : Que je suis très contente de venir jouer en Allemagne et que j'espère qu'ils prendront du plaisir à venir au concert !


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