• Interview exclusive d'Emilie Simon pour Connexion française

    Mercredi 27 Septembre 2006,

    par AnneSo.<o:p> </o:p>

    A l'occasion du Francophonic Festival, la chanteuse française Emilie Simon enflammera le public d'Allemagne à quatre reprises : à Brême le 30 octobre, à Berlin le 31, à Cologne le 2 novembre et à Munich le 3. Récompensée par les Victoires de la musique pour ses deux premiers albums, « Emilie Simon » en 2003 et « La Marche de l'empereur » (BOF) en 2005, l'étoile montante de la scène électro-pop française présentera alors son petit dernier, « Végétal ». Connexion française a rencontré cette étonnante jeune femme à La Fourmi, un café parisien branché coincé entre La Cigale et le Divan du Monde, deux salles de concerts mythiques. Emilie Simon répond à nos questions de sa petite voix aux accents méditerranéens, et garde ses yeux grands ouverts sur un monde dans lequel elle semble étrangement débarquée. Pendant que nous installons notre matériel, elle fredonne un petit air qui la replonge dans son univers à elle, celui des douces mélodies insolites qu'elle retranscrit dans ses savoureux albums.

    Connexion française : Quelle est la première chose qui vous vient à l'esprit quand on vous parle de l'Allemagne ?

    Emilie Simon : Je pense à Hambourg où je suis allée en échange scolaire lorsque j'étais adolescente. Ce voyage m'avait marqué parce que c'était une découverte, et Hambourg est une très jolie ville. Je pense également à un petit village du nom de Wiedenbrück où j'ai des amis. Mais à mon grand regret je connais très mal Berlin. J'y suis déjà allée mais c'était dans le cadre de concerts, ce qui ne laisse malheureusement pas le temps de s'arrêter. Je suis donc très heureuse de revenir en Allemagne. J'ai eu peu d'occasions de rencontrer le public allemand depuis le début de ma carrière mais il m'a laissé un souvenir très vivant, très enthousiaste. Et je crois que cette fois-ci, c'est une nouvelle étape.

    Connexion française : Pour vous présenter on compare souvent votre musique à celle de la chanteuse islandaise Björk. Qu'en pensez-vous ?

    Emilie Simon : Il est vrai que les gens trouvent des similitudes entre ma musique et celle de Björk, mais ce sont eux qui nous comparent et non pas moi. On m'a dit également que mon travail faisait penser à celui de Kate Bush. Comme ce sont de grandes musiciennes, je ne vais pas m'en plaindre ! Je pense que le public a besoin de repères pour situer un artiste quand il le connaît mal. Mais comme ces comparaisons sont indépendantes de ma volonté, j'estime ne pas devoir m'exprimer sur le sujet.

    Connexion française : Vous êtes une artiste entière, dans le sens où vous endossez toutes les casquettes: auteur-compositeur, interprète, réalisateur...Que vous apporte la scène en plus de tout cela ?

    Emilie Simon : La scène est un complément. Pour moi, elle représente l'autre côté du studio, son pendant. Tout le travail que l'on réalise en amont est introspectif, fait d'attention et de minutie. Sur scène, on le remet en question: on le détruit pour le reconstruire autrement. C'est très enrichissant. En somme, ce sont deux pôles qui sont indispensables l'un à l'autre.

    Connexion française : Est-ce que c'est une sorte d'aboutissement de l'album?

    Emilie Simon : Je dirais plutôt que c'est une nouvelle phase du processus. Une fois que le morceau est finalisé et qu'il correspond à ce que j'ai en tête en studio, il va avoir une autre vie sur scène. L'album est daté et représente la vision du morceau à un moment précis. A l'inverse, en concert, le morceau ne connaît aucune limite. La scène représente ainsi la vie après l'album, et donc la suite du processus. Et cela n'a plus rien à voir avec le reste.

    Connexion française : Votre dernier album, « Végétal », est tout à fait particulier dans le sens où il plonge l'auditeur dans un monde souterrain et enchanteur, une sorte d'univers fabuleux. Dès les premières mesures on se rend compte qu'il est impossible de l'écouter comme n'importe quel autre album. Selon vous, quelles sont les conditions optimales dans lesquelles un auditeur doit se placer pour l'apprécier totalement?

    Emilie Simon : Je crois qu'il faut faire tel qu'on le ressent. Face à un disque, chacun a ses propres habitudes. Certaines personnes aiment l'écouter dans leur voiture parce qu'ils y passent beaucoup de temps, qu'il y a une bonne sonorisation et qu'ils sont émergés dans le son. D'autres aiment bien s'installer avec un verre de vin devant leur chaîne. D'autres encore écoutent toujours la musique dans la rue, avec un baladeur. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a plusieurs niveaux d'écoute dans ce que je fais. Il y a des lignes mélodiques, des paroles, des refrains, des choses simples que l'on peut écouter d'une manière légère, et puis il y a toute une série de détails, de couches et un travail de profondeur que l'on peut saisir en portant un peu plus d'attention. Pour ma part, je conseillerais d'écouter l'album au moins une ou deux fois avec un casque, parce qu'il y a toujours quelque chose qui se passe à l'arrière plan. Le disque est assez dense et quand on commence à vraiment rentrer dedans, dans les dimensions du morceau, c'est mieux d'y être complètement.

    Connexion française : Dans le cadre du Francophonic Festival, quatre concerts sont prévus à Brême, Berlin, Cologne et Munich. Vous n'aurez qu'une seule journée de repos, dans la capitale. Qu'allez vous en faire ?

    Emilie Simon : Je pense visiter la ville, mais ce sera entre deux concerts et je ne pourrai pas y consacrer beaucoup de temps. Voyager m'inspire, mais cela dépend beaucoup des villes et des moments. Je suppose que je me sers de tout cela après, mais je ne peux pas l'affirmer. Tout se passe dans ma tête. Je n'analyse pas tout ce que je fais, ni l'origine de tout ce que je fais.

    Connexion française : Vous serez accompagnée de beaucoup d'autres artistes français au Francophonic Festival (Louise Attaque, noJAZZ, Rachid Taha, Sébastien Tellier,... ). Est-ce que vous suivez de près ce qui se passe autour de vous sur la scène française et internationale, ou est-ce que vous préférez vous tenir en marge pour conserver votre inspiration intacte?

    Emilie Simon : Un peu des deux. En réalité ce n'est pas une volonté de ma part : je suis tellement happée par ce que je fais que je n'ai pas vraiment le temps d'assister à des concerts ni d'écouter et de découvrir des disques. Tout cela n'est pas vraiment dans mon caractère, car je suis plus dans l'inspiration. Bien sûr j'ai des moments de découverte, et des curiosités. Par exemple lorsque je vais au Japon, je demande à des amis de me faire découvrir l'électronica japonaise. Ou encore lorsque je suis avec des copains qui écoutent du rap, je leur demande de me faire écouter de nouvelles choses. En fait, je ne peux pas dire que je fasse attention à tout ce qui se passe mais je ne peux pas dire non plus que je sois complètement en autarcie. Cela dépend des périodes.

    Connexion française : Pour terminer, que diriez-vous aux chanceux qui vont venir vous écouter à l'occasion du Francophonic Festival ?

    Emilie Simon : Que je suis très contente de venir jouer en Allemagne et que j'espère qu'ils prendront du plaisir à venir au concert !


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