• FRENCH TOUCH, Stéphane Jourdain, Coll° CastorMusic /Castor Astral, 190 pages, 9 euros

    La French Touch, c'est un mouvement musical que nous connaissons très peu ici à RC. Et pourtant, elle revêt il me semble un double intérêt pour nous. D'une part, ses relations avec le rock sont multiples. Mais en plus, sa relation avec Versailles, et plus généralement avec les Yvelines, est flagrante. En effet, de très nombreux « producteurs » (c'est comme cela que l'on appelle les compositeurs de musique électronique) sont issus de notre beau département. A tel point que la critique musicale spécialisée a rendu hommage à ce qu'elle appelle « La Versailles connexion ».

    Alors la French Touch, qu'est-ce que c'est ?

    Il s'agit, on l'a dit, d'un « son », d'un courant musical, issu de la musique électronique, inspiré d'une part de la techno, et d'autre part de sonorités plus douces, plus musicales, puisées dans le rock, dans le hip hop, ou encore dans le funk.

    La particularité de ce son est d'avoir été conçu et approfondi par des petits frenchies, à partir de 1995, ce dont la scène musicale internationale n'avait pas l'habitude. La preuve, cette citation d'un important magasine musical anglais (Mixmag), en 1997 :

    « Qu'est ce qui arrive à ces foutus français ? Cent ans de merde comme Michelle Torr (...), Johnny Hallyday ou Indochine (Cure en débile) et depuis un an, tout d'un coup, un son fantastique avec du génie dans les mélodies et un chic original qui plongent soudainement le reste du monde dans l'ombre. »

    Autre preuve : grâce à la French Touch, les ventes à l'étranger de musique française ont été multipliées par 26, en 8 ans.

    Alors, en fans de Musique intelligents et ouverts, il me semble important de s'intéresser à l'Histoire de cette musique très particulière et pourtant extrêmement riche en sonorités et déclinaisons.

    Et c'est ce que propose Stéphane Jourdain. Le jeune journaliste et écrivain auteur de cet opus, à travers un cadre traditionnel, nous conte une Histoire de dix ans, fascinante et envoûtante comme l'est la musique dont il est question.

    Son écriture, très vive, très agréable, on prend beaucoup de plaisir à la suivre. Même si le contenu, le fond, est en lui-même compliqué pour un novice. Heureusement, Stéphane ose la répétition, ainsi que la définition de termes qui devraient être connus, afin que nous adhérions, et c'est le cas, à son récit.

    Alors pour finir, Pourquoi sortir ce livre maintenant ?

    Et bien au début de l'année, le 17.02.05, le Ministre de la Culture – Renaud Donnedieu de Vabres – a décoré une poignée de pontes de la French Touch de l'ordre national des Arts et des Lettres. Rendant hommage à ce courant musical 10 ans après son envol.

    C'est donc le moment où jamais de se pencher sur un phénomène que tout un chacun devrait connaître, et particulièrement dans les Yvelines, puisque parmi les quatre décorés, 2 sont yvelinois (Il s'agit des membres du groupe Air). D'autres, tout aussi talentueux, n'ont pas eu cette chance, à l'image de Ludovic Navarre, alias Saint-Germain, originaire de Saint Germain en Laye, et qui a été en 1995 un précurseur de cette nouvelle vague avec son premier album, Boulevard, que je vous invite vivement à découvrir si ce n'est déjà fait.

    Lisez-donc ce livre (..)


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  • LE PRIX GONCOURT

    En ce moment, le monde littéraire commence à s'émoustiller sérieusement. Les discussions s'enflamment et les spéculations vont croissantes lorsque la question est posée : qui sera le lauréat du prix Goncourt 2005 ?

    Alors ! En attendant le verdict, qui ne tombera que le 3  novembre, je vous propose de laisser les initiés se quereller de leur côté, et de revenir quant à nous aux origines du plus prestigieux des prix littéraires français. 

    Son Histoire remonte au XIXème siècle, auquel vécurent Jules et Edmond de Goncourt. Ces deux frères, écrivains et amateurs d'art, sont alors très connus du monde des Lettres. Lorsqu'ils fuient le brouhaha parisien pour s'installer dans un petit hôtel particulier à Auteuil, c'est avant tout pour pouvoir profiter de leur immense collection d'objets d'art. Seize ans plus tard, Edmond ouvrira les portes de ce qu'il appelle le « Grenier » pour y former un salon, la « société littéraire » qui deviendra pas la suite l'Académie (en opposition à l'Académie française).

    A sa mort, Edmond laisse un testament surprenant dont la réalisation revient à l'écrivain Alphonse Daudet : pour respecter la volonté de son ami défunt, Daudet a pour mission de créer dans l'année une société littéraire perpétuelle. Son but sera de récompenser par un prix un ouvrage d'imagination en prose, paru dans l'année.

    Le premier prix Goncourt sera donc décerné en 1903 à John-Antoine Nau pour son livre intitulé Force ennemie...

    Depuis la création du prix Goncourt, pas moins de 101 ouvrages ont ainsi été couronnés. Parmi eux on peut citer par exemple A l'ombre des jeunes filles en fleur de Marcel Proust (1919), La condition humaine d'André Malraux (1933), Week-end à Zuydcoote de Robert Merle (1949), Les racines du ciel de Romain Gary (1956), suivi de La vie devant soi où il se fait appeler Emil Ajar (1975). Il y a eu ausi L'amant de Marguerite Duras (1984), et pour finir dans cette liste non exhaustive (loin de là) le lauréat de l'année dernière, Laurent Gaudé pour Le soleil de Scorta.

    Il faut préciser pour finir que de nos jours les 10 membres de l'Académie sont bénévoles, et que le prix n'est plus que de 10 euros symboliques. Mais tout ce qu'Edmond de Goncourt avait à l'époque gratifié d'argent l'est maintenant par une denrée bien plus précieuse : la notoriété et la reconnaissance du monde des Lettres.


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  • PATRICIA CORNWELL ET JACK L'EVENTREUR

    Le débat se durcit actuellement autours de Patricia Cornwell, la grande romancière américaine, qui publiera au début de l'année 2006 une nouvelle édition de son enquête policière sur Jack l'éventreur...

    Il y a trois ans, le roman qu'elle avait tiré de ses premières conclusions « Jack l'éventreur, affaire classée » avait déjà fait couler beaucoup d'encre. En effet, la romancière y exposait sa théorie, inchangée à ce jour, selon laquelle le célèbre tueur en série ne serait autre que Walter Sickert, un peintre impressionniste anglais très connu à l'époque.

    Suite à la publication de cet ouvrage, la polémique était lancée. Si les critiques littéraires étaient unanimes quant à la qualité du livre, les experts en criminalité, eux, dénonçaient le manque de fondement de cette théorie.

    Et c'est encore ce qu'ils ont tenté de faire récemment, critiquant la thèse de la romancière  dans les colonnes du grand quotidien londonien The Independent.

    Mais Patricia Cornwell ne pouvait pas laisser passer cela. Elle a immédiatement répondu à ces détracteurs, en s'offrant deux pleines pages de publicité, l'une dans The Independent, et l'autre dans  The Guardian. L'auteur de Postmortem, Morts en eaux troubles ou encore Mordoc, y explique le sérieux de son enquête. Celle-ci repose en partie sur une analyse ADN prélevée sur un des tableaux de l'artiste, et qui se retrouverait sur l'une des lettres pouvant être attribuée au criminel.

    Si, pour les experts, cette thèse ne tient pas debout, les lecteurs eux, se délecteront d'une nouvelle enquête policière de celle qui est un maître en la matière.

    On ne peut lui reprocher de vouloir apporter son point de vue sur le plus célèbre des meurtriers en série, tel que l'ont déjà fait des dizaines d'auteurs à travers le monde.

    Mais cette histoire relance une polémique bien ancrée dans l'actualité, et qui avait été lancée par le fameux Da Vinci Code de Dan Brown :

    Dans quelle mesure peut-on laisser un auteur à succès déformer les faits historiques pour les besoins de son roman ?

    Cette question là reste entière...


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  • PIXIES, Emmanuel Dazin, Coll° CastorMusic, Castor Astral, Août 2005, 190 pages, 9 euros

     « Je préférerai que le rock soit vendu comme de la pornographie, clandestinement, il resterait plus souterrain. » (Frank Black)

    C'est avec le petit dernier de la Collection CastorMusic du Castor Astral que je vous propose d'effectuer cette rentrée littéraire. C'est le 3ème ouvrage publié dans cette toute nouvelle collection dont nous avions déjà pu constater la qualité puisque je vous avais présenté les deux premières biographies éditées, qui étaient consacrées à Jeff Buckley et à Led Zeppelin (...). Cette fois, comme on le disait, ce sont les Pixies qui sont au programme.

    Bien que ce ne soit sans doute pas la peine de le faire, je vais quand même les présenter en quelques mots.

    Les Pixies, c'est ce grand groupe de Rock indépendant  qui a explosé entre la fin des années 80 et le début des années 90, et qui s'est reformé l'année dernière après une interruption de plus de 10 ans.

    Mené par le très étrange Charles Thompson – qui se fera appeler Black Francis, ou encore Frank Black, selon les saisons –,  le Chanteur-compositeur du groupe, vivant dans un monde étrange composé de science fiction et de mythologie religieuse qui donne à ses œuvres une touche irréelle, hors du temps, unique. Il vit en effet dans un univers musical décalé, en ne se souciant pas des tendances contemporaines.

    Aux côtés de Charles officient Joey Santiago, le guitariste ; David Lovering, le batteur ; et surtout Kim Deal, la charismatique bassiste, qui a fait une grande infidélité aux Pixies en montant son propre groupe, et quel groupe ! Il s'agit bien sûr des Breeders.

    Les Pixies, terme que Charles a trouvé dans le dictionnaire et qui peut être traduit par  « petits elfes malicieux » manquent à leurs débuts d'expérience mais se font tout de suite remarquer par leur originalité. Leur deuxième album Surfer Rosa sera considéré, dès sa sortie, en 1988, comme révolutionnaire. Pendant trois ans encore les Pixies atteindront des sommets mais l'année 1991 leur sera (provisoirement) fatale : asphyxiés par la vague grunge, fatigués par leurs années de labeur et diminués par les différends qui existent entre Kim et Charles, le groupe se sépare officiellement le 31 décembre 1992 lorsque le chanteur envoie un fax de démission à son manager...

    Après cela, on entendra toujours parler de l'énigmatique Frank Black, qui sortira quelques disques inégaux, et de la belle Kim Deal poursuivant sa carrière avec les Breeders. On peut par exemple citer Last Splash, leur deuxième disque, comprenant des titres devenus incontournables, tel « No Aloha » ou le fameux « Cannonball ».

    Mais les Pixies ne sont pas morts. Commercialement, leurs disques se vendent de mieux en mieux et en 2004, 17 ans après sa sortie, Surfer Rosa devient disque d'or. Ce succès a sans doute convaincu un Charles Thompson frustré de renouer avec son groupe. Le 4 février 2004, l'annonce officielle tombe : les Pixies reprennent vie. Le 23 février, les 6500 places du concert aux Zénith de Paris (celui du 7 juin) sont vendues en moins d'une heure. Depuis, il n'est question que de tournées, de DVD concert, d'excellentes compilations (à l'image de Wave Of Mutilation, paru en mai)... bref, les affaires reprennent, et c'est pour notre plus grande joie.

    On peut citer un sacré paquet de Chansons phares des Pixies : « Here Comes Your man »; « Bone machine »; « Where Is My Mind ? »; « Gigantic » ou encore « Monkey Gone To Heaven », qui s'impose dès sa parution comme un classique indé-pop.

    Ils sont racontés par un nouvel auteur pour nous, Emmanuel Dazin, pourtant bien ancré dans le milieu puisqu'il est traducteur de biographies musicales et co-animateur de la revue Minimum Rock'n'roll.

    Pour sa biographie des Pixies, il respecte un schéma traditionnel : Il entame le livre par l'Histoire proprement dite de la formation, un récit découpé en 8 chapitres portant chacun le nom d'une chanson du groupe (...), et une citation soit du chanteur, soit de la bassiste (les 2 membres phares du groupe). Il poursuit par une discographie, et conclut par une présentation de ses sources.

    On trouve ici un travail sans prétention, sérieux et détaillé. Tout ce que l'on peut dire sur le groupe y est ici mentionné, sans extrapolation, avec beaucoup de justesse et d'application. Emmanuel Dazin s'en tient aux faits, il ne cherche pas à faire de la psychologie, à interpréter ce qui ne peut pas l'être, à faire croire qu'il en sait plus que les protagonistes eux-mêmes (...) . A vrai dire, il n'exprime jamais son opinion, s'en tenant à sa stricte fonction de biographe. Il relate les évènements, en respectant l'ordre chronologique (...), Il ne s'étend pas sur la vie personnelle des protagonistes, qui effectivement ne nous intéresse pas, et reste toujours dans la lorgnette musicale, parfaitement professionnel.

    Son écriture est fluide, claire et précise. Pas de phrases interminables, de mots inconnus ou de jargon incompréhensible, Emmanuel Dazin ne cherche pas à se faire remarquer, mais simplement à présenter un récit parfaitement cohérent de l'Histoire de l'un des groupes les plus atypiques de notre génération : Du travail de pro.

    C'est un livre idéal pour tous ceux qui veulent tout savoir sur les Pixies. Comment ils sont nés, comment ils sont devenus un phénomène, comment le phénomène s'est scratché, et comment il renaît de ses cendres... un ouvrage donc qui laisse la page ouverte puisque le groupe continue actuellement d'écrire son histoire...

    C'est donc le moment où jamais de se replonger dans l'univers Pixies (...)

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  • « 9 Songs » - Film Britannique - De Michael Winterbottom - 1h09 - (Interdit aux moins de 18 ans)

    « 9 Songs », c'est le Film Erotico-rock du moment, dont vous avez sans doute entendu parlé, et que je me suis fait un devoir d'aller voir afin de vous en rapporter ma critique.

    Il met en scène deux personnages, un jeune homme et une jeune femme (Kieran O'Brien et Margo Stilley), qui se rencontrent à Londres lors d'un concert et entament une relation très physiquement fusionnelle.

    En pratique, ce film s'organise dans un entremêlement de ce qui pourrait constituer trois films documentaires différents : l'un sur le sexe d'un couple, un autre sur des concerts rocks, et le dernier sur... l'Antarctique.

    Pris séparément, ces documentaires ne seraient pas mauvais, mais pas phénoménaux :

    Il faut reconnaître que contrairement aux apparences, les scènes de couples, qui ne cachent vraiment rien et pourraient être pornographiques, sont très bien filmées et ne dépassent pas cette frontière.

    Quant aux extraits de concerts, ils offrent une très bonne sélection et plongent dans l'ambiance tout spectateur initié. Concerts des Von Bondies, de Franz Ferdinand, de Black Rebel Motorcycle Club, des Dandy Warhols, d'Elbow, de Primal Scream et des Super Furry Animals ainsi que des musiques instrumentales signées Michael Nyman.

    Enfin, les scènes de survol en Antarctique, couplées de commentaires recherchant un sens à la vie pourraient être d'un ennui mortel si elles constituaient un tout, mais permettent en l'occurrence de reprendre son souffle entre les scènes de jouissance sexuelles et musicales...

    Pour conclure, l'interaction de ces trois petits films documentaires bien distincts donne un tout qui se regarde sans longueur mais qui ne laisse pas, loin de là, une marque indélébile.

    Il reste, en définitive, une impression d'incohérence, un sentiment de sert-à-rien, puisque ce film ne tend manifestement à aucune conclusion, aucun message...

    Juste du sexe, du rock et... l'Antarctique...  alors ma foi, si vous retrouvez là vos centres d'intérêts et que vous vous foutez que le film n'ait pas vraiment de scénario et ne comporte aucun message sous-jacent, vous pouvez toujours aller le voir...

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